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Entretien avec Éric Vu-An, Directeur Artistique du Ballet Nice Méditerranée Cassandra !


Pouvez-vous me parler de Cassandra ? Ici La guerre de Troie a été transposée dans un village de Sicile.

L’action se situe dans la Méditerranée sous le symbole de la Guerre de Troyes. L’auteure, allemande, Chrita Wolf a choisi de transposer symboliquement cette Guerre de Troie, une guerre que tout le monde connaît en reprenant tous les personnages mythiques, dans un village de la Sicile en 1953. Priam est représenté par le maire du village, il y a sa femme, Hécube, leur fils, Pâris, est aux Etats-Unis (qui est un peu l’équivalent d’Athènes). Nous avons Cassandra qui est toujours ce personnage qui a des visions, qui fait des rêves et des cauchemars et qui anticipe ce qu’il va se passer. Cassandra est la fille des grandes puissances de ce petit village de Sicile et il y a l’arrivée d’un extra- communautaire en le personnage d’Enée qui vient de l’étranger. Tous deux vont avoir une relation amoureuse mais ce couple ne pourra pas rester ensemble.

Elle choisira à la fin de s’occuper de sa famille et du village et lui partira. J’ai beaucoup dansé ce personnage, Luciano Cannito m’a demandé de me remettre dans le spectacle. Tout est monté comme des flash back, c’est un peu comme le Cinéma Paradisio. Cette année à Nice nous fêtons les 100 ans des studios de la Victorine, en parlant avec Luciano, je lui ai demandé s’il ne serait pas intéressant d’intégrer le cinéma dans le spectacle. Luciano est devenu cinéaste mais aussi, Ulysse apporte au village la télévision, symbole ici du Cheval de Troie. Il y avait un vrai lien possible avec les images : l’audiovisuel va complètement anéantir les habitudes de ce village parce que tout le monde va se mettre à regarder la télévision et sera pratiquement lobotomisé et c’est pour cela qu’ils seront volés par le pouvoir américain.


Ici sont mêlées des musiques très différentes, d’époques et de pays différents (Saint-Saëns, Prokofiev, Presley). La danse est également très éclectique puisqu’on retrouve néo- classique, contemporaine et folklorique.

Il y a surtout le compositeur Marco Schiavoni qui a été capable de coudre quelque chose qui fait le lien entre tous ces univers et tous ces paradoxes. Elvis Presley, c’est l’incursion de l’Amérique dans un village de Sicile. Quant à la danse, il s’agit plus de néo-classique que de classique. Par exemple, quand on fait Don Quichotte, il y a beaucoup de classique avec les filles sur pointes alors qu’ici, même si le langage et la technique sont très classiques, les filles sont sur demies-pointes. C’est plus une technique classique et contemporaine au service d’une histoire, d’une interprétation, de quelque chose qui vous emmène dans un univers. En regardant Cassandra, vous voyez une histoire et vous écoutez un film muet.


Les danseurs vont danser au Théâtre de Verdure, quel est votre rapport avec le plein air ?

D’un point de vue personnel, j’aime beaucoup le plein air. D’abord parce que je trouve que c’est très écolo. En étant à l’extérieur, on ne respire pas un air saturé par le refroidissement ou le chauffage. Bien sûr, on peut voir arriver des insectes en plein visage et il faut s’adapter mais on fait partie d’un tout, on a la possibilité de voir les étoiles qui sont juste au-dessus. Un des plus beau souvenir que j’ai est d’avoir dansé à Athènes le Prélude à l’après-midi d’un faune et de voir l’Acropole juste à côté. C’est pour ça que je souhaite emmener mes danseurs en plein air. Il y a beaucoup de contraintes mais la magie du résultat au moment où ça existe, c’est fabuleux, surtout quand on raconte une histoire comme celle de la Guerre de Troie qui est quelque chose de séculaire.


Cela fait dix ans que vous êtes directeur artistique du Ballet Nice Méditerranée, quelle direction souhaitez-vous donner pour la suite ?

Je suis venu car Christian Estrosi était devenu Maire de Nice et quand je lui ai apporté le projet, il l’a complètement soutenu, il faut dire qu’il est vraiment derrière sa compagnie. Ce qui est important est de continuer vers la même direction que celle que nous suivons depuis dix ans. C’est une compagnie qui a la réputation d’avoir des répertoires rares, on essaie d’avoir une véritable personnalité et de faire des choses que d’autres compagnies ne font pas. Dans la mondialisation qui existe aujourd’hui, avec l’excellence des interprètes qu’il peut y avoir un peu partout on a tendance a avoir les mêmes chorégraphes mais c’est vrai que j’essaie de faire attention. L’important c’est la personnalité de la compagnie et l’excellence de la danse classique et néo-classique et continuer de faire des choses qu’on ne voit que chez nous.

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